La théologie du bonheur m’intéresse beaucoup car c’est un aspect important de la vie. Un ancien président d’Eglise m’a dit un jour : c’est un sujet de réflexion tout à fait superficiel. Mais maintenant je suis en retraite alors je peux faire mon coming out. J’ai écrit un petit livre sur le bonheur selon la Bible. Depuis j’ai poursuivi ce travail sur la théologie du bonheur et j’ai découvert le psaume 16, en particulier son dernier verset : Tu me fais connaître le chemin qui conduit à la vie. Quand tu es là, ma joie déborde, auprès de toi, le bonheur ne finit pas ! (Psaume 16.11)
Dans notre monde de l’image
il faut briller comme les influenceurs et influenceuses
des réseaux sociaux :
Il faut être fort tout en restant mince,
souriant tout en étant combatif,
s’afficher avec des vêtements de marque,
réussir avec panache.
Et bien sûr être heureux.
De nos jours, être heureux est devenue une obligation
Malheur à qui n’est pas heureux !!!
Pour commencer : vous devez toujours être en pleine forme
Mais nous vivons à l’ère du bonheur kitch, superficiel et … impossible à vivre réellement.
Depuis la parution de mon livre, j’ai continué à travailler sur la recherche du bonheur dans la Bible. Et j’ai découvert le psaume 16. Tout le psaume parle du bonheur mais pas du tout comme nous l’imaginons à notre époque. Il s’agit d’un bonheur profond et durable et pas du bonheur kitch proposé par les images publicitaires vantant la vie paradisiaque sous les cocotiers.
J’ai récupéré une pub dans un magasin à Etoy elle disait, je cite : devenez le meilleur de vous-même. En voilà un beau programme. Mais quel effet cette pub fait-elle sur nous ? Peut-être disons nous : pourquoi, je ne le suis pas encore ? Ou alors : oui, c’est vrai, il faudrait que je fasse des efforts pour devenir meilleur. Culpabilisation sournoise : devenez le meilleur de vous-même, sous-entendu : vous ne l’êtes pas ! Cette pub joue sur du velours : la culpabilisation générale véhiculée par bon nombre de médias. Eh oui, vous n’êtes pas assez performant, pas assez beau, pas assez efficace et, en parallèle, vous devez être heureux.
Oui, vous devez toujours être en pleine forme. Travailler avec ardeur sans compter vos heures et en même temps être disponible pour vos enfants, votre conjoint, vos parents, vos amis, le club de ceci, l’association de cela, aller vite mais sans polluer, être en famille le Wend mais aussi à la déchèterie, profiter du temps libre que vous n’avez pas pour réfléchir aux votations et tout ceci, lorsque vous êtes dans une période calme de votre vie. Je ne parle pas des problèmes éventuels !
Dans ce contexte le psaume 16 exprime la confiance en Dieu d’une manière toute différente. En transposant le langage de l’époque biblique dans notre langue du 21e siècle, ce psaume met en valeur trois aspects du bonheur.
1 Dieu nous adopte toutes et tous
(Versets 1 et 11b, versets 7 à 11a)
Le bonheur exprimé dans le psaume 16 n’a rien à voir avec les obligations de notre temps. Quand tu es là, la joie déborde, auprès de toi, le bonheur ne finit pas ! (Verset 11). Ce verset exprime un bonheur relationnel pas un état de satisfaction béate. Le bonheur vient de la qualité de notre relation avec nous-même, avec les autres et avec Dieu. Nous sommes avec Dieu et Dieu est avec nous, quelle que soit notre situation existentielle. Nous sommes fils adoptif, filles adoptives de Dieu. Nous le resterons toute notre vie et quelle que soit notre vie. Même si nous ne devenons pas le meilleur de nous-même comme le proposait la pub dont je vous ai parlé en introduction.
Nous sommes en effet confrontés sans cesse à ce que je nomme les toxines existentielles. Des choses, parfois bénignes parfois graves nous agressent tout au long de notre vie. Et bien, la Bible l’affirme : Dieu est toujours avec nous malgré ce que la vie nous envoie parfois.
Dieu ne dit jamais : Tu es nul
Et Dieu ne dira jamais tu l’as bien cherché, tu n’avais qu’à faire attention, que cela te serve de leçon. Non, Dieu dit : Vous êtes mes enfants bien aimé. Dieu est un bon pédagogue. Il le sait très bien : nous faisons attentions à nous. Inutile de nous dire la prochaine fois tu feras attention.
Et Dieu ne dira jamais tu l’as bien cherché, tu n’avais qu’à faire attention, que cela te serve de leçon. Non, Dieu dit : Vous êtes mes enfants bien aimé. Dieu est un bon pédagogue. Il le sait très bien : nous faisons attentions à nous. Inutile de nous dire la prochaine fois tu feras attention.
Je viens de parler de la fin de ce psaume, j’en aborde maintenant le début
2 Fréquenter ceux qui nous veulent du bien
(Versets 3 et 4)
Au début, le psaume parle de ceux qui choisissent un autre Dieu. De nos jours nous parlerions de personnes ne partageant pas nos choix de vie. Nous sommes bien sûr toujours avec des gens différents. Mais certaines relations nous font du bien et d’autres non. Selon notre psaume il nous faut fréquenter des personnes qui nous font du bien, exactement comme Dieu qui veut toujours notre bien.
Particulièrement à éviter : ceux que j’appelle les messieurs de je sais tout. Jésus a eu souvent ce genre de personnes sur sa route. Ces gens disent voilà ce qu’il faut faire, ou faites comme moi, moi je … A éviter également tous ceux qui nous culpabilisent. Jésus n’a jamais dit c’est bien fait pour toi, tu n’avais qu’à m’écouter.
Alors bien sûr, nous sommes confrontés à ce genre de personnes. A l’école, personne ne choisit les autres écoliers écolières. Et par la suite, si l’on ne travaillait qu’avec ceux que nous apprécions nous n’irons jamais travailler ! Il faut faire avec les gens vivant autour de nous. Impossible d’éviter tout le monde.
C’est ainsi, nous recevons toujours des toxines existentielles. Parfois nous sommes dévalorisés par d’autres, ou même, par nous-même. Alors cela fait vraiment du bien de se le rappeler : Dieu nous adopte comme nous sommes, il ne dit jamais tu es nul. Non il dit : je t’ai créé et tu es mon enfant. Plus nous sommes entourés de bienveillance et plus nous pouvons, à notre tour, être des diffuseurs de bienveillance, et devenir ainsi porteurs de la parole de Dieu.
3 Les humains artisans du bien
(Versets 5 et 6)
Le psaume a une intro Tu es mon plus grand bonheur et une conclusion, le verset 11 cité au début de ce culte. Il a une première partie dont je viens de parler, la partie relationnelle. Une dernière dont j’ai parlé au début : la dimension concrète de la vie. Et au milieu une partie plus personnelle. L’auteur déclare : j’apprécie ce que tu me donnes, c’est un cadeau magnifique.
Dieu regarde tout le grand et le beau dont tu es porteur
Dans l’Ancien Testament, la partie la plus importante c’est souvent le milieu du texte. Chez nous c’est la conclusion mais souvent dans la Bible, le message essentiel est placé au milieu. Oui, j’ai parlé des toxines existentielles mais il y a également tout ce qui est bon et beau. Oui, je sais bien, si l’on regarde le fonctionnement de l’humanité il faut bien le constater : le mal existe. Impossible bien sûr d’affirmer le contraire.
Mais les humains sont également responsables de tout le bien qui est fait dans le monde. Le bien vient des êtres humains. Aucun autre être vivant ne peux choisir consciemment de faire une chose parce qu’elle est bonne, juste et bienfaisante. Nous sommes imprégnés du désir d’offrir une vie belle et satisfaisante à notre entourage. A nous de valoriser ce désir car il habite les humains.
Dieu voit notre générosité, nos efforts, notre bienveillance. Il nous propose de regarder les biens dont nous profitons, nos relations les plus enrichissantes, nos actes les meilleurs. Dieu ne dit pas devient le meilleur de toi-même, il dit regarde tout le grand et beau dont tu es porteur. Valorise-le, libère ton désir d’être heureux et d’aider les autres à vivre heureux. C’est pourquoi nous pouvons dire : Dieu quand nous sentons ta présence notre joie déborde, auprès de toi, le bonheur ne finit pas !